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Nous voici enfin Marc et moi, dans le train du Montenvers direction: la Mer de glace. Nos rêves
d'hiver finalement se concrétisent et nous en sommes très heureux. A la jonction Mer de glace
glacier de Leschaux, protégée par une importante moraine, comme oubliée, s'étale une prairie
alpestre bordée de saules nains et de fleurs magnifiques. L'endroit est fort calme et paisible et les
chamois sont chez eux. Une cabane en fer, dite, des glaciologues dénote un peu en ce lieu. Le
travail nous a que trop retenu par en bas et me voilà obligé d'aller chercher le gaz stoké au refuge
et de l'eau, car ces étés deviennent de plus en plus secs. Pendant ce temps, Marc monte la tente
et se prend un bon coup de soleil qui le fera bien souffrir demain. Après une nuit tranquile les
sacs bien lourds, nous décidons de couper par les éboulis du "Tacul" au dessus de nous; pour
rejoindre notre bivouac sous la brêche Puiseux. L'illusion de gagner deux heures nous pousse
devant mais la traversée en neige n'en est que plus longue. Mais, lourds portages et marches
sans fin sont un peu notre spécialité (espèce rare de mulets). Comme le guide, j'aime à regarder
loin devant, anticipant le meilleur passage pour mon ami. Arrivé à destination et plutôt en forme
(pour mes 50 ans!) je décide en solo (la tente est en face) d'aller rendre une petite visite à mon
pilier favori, sorte de pain de sucre au milieu des glaces. Piolets crampons et sac léger, je me sens
comme un poisson dans l'eau. J'enchaîne le glacier et l'escalade du pilier si souvent parcourus.
Puis un beau rappel aérien et me voilà sur l'immense vire.Bientôt, le visage collé à la pierre et en
extension maximum je gratte le fond d'un trou. Bien m'en prend; après un dur effort à l'aveuglette
je ressors soudain à la lumière un beau bi-pointe vrillé comme couché sur son lit de roche
blanche; intact! Ma joie est grande arrivé à la tente; Marc est stupéfait.
Le lendemain matin, il gèle, nous voilà à gravouter au milieu de blocs instables très très
dangereux; deux rappels et on se sauve. Traversée mythique au plus haut du glacier des
Périades, nous nous rabattons en un endroit bien précis où je sais qu'il y a depuis toujours des
fours et de l'eau! Marc a commencé à descendre et soudain: "Sergio! en bas un four écroulé!
Vite!". En effet, une guirlande de quartz noir partage la vire en son milieu. Double noeud de
pécheur et Bizance! Un peigne morillon sort son aile de la terre: "Marc! Nous sommes riches!" (on
peut toujours rêver!). Dans un épais limon vert foncé j'enfonce doucement ma tringle (mon pique
feu; il ne chôme pas celui-là) délicatement pour éviter au maximum d'ébrêcher le cristal. J'appuie
sur le manche, je fais même levier avec ma main, cela fait des gros "gloup" et quantité de pièces
interessantes sortent comme par magie. Pour ces fours particuliers dit à ciel ouvert, je me suis
procuré un petit râteau plastique; le maître mot ne rien casser! Tout heureux, tout fier nous
redescendons à la tente par les glaces baignées du derniers soleil.
Il est tard et nous sommes vanés. Je me réveille à une heure du matin la gorge sêche: pas d'eau.
J'enfile mes chaussures et cours chercher un énorme sac de neige fraîche à la frontale. Je titube
sur l'arête rocheuse tellement le sac est lourd. Evidement nous sommes en fin de gaz, j'attends
(patience! pour remplacer la cartouche, le vent froid de la nuit me caresse le dos. Le lendemain
nous perdons trois heures à trier les pièces; émerveillés. Nous redescendons par le même
chemin, les sacs pèsent encore plus, cristaux plus tout le bivouac, tente etc...Nos appuis sont
pour le moins hésitants dans le pierrier. Mais nous voici enfin rendus à notre chère "Prairie".
Marc, qui a compris... est obligé de parcourir un bon km pour aller piocher un bon sac de glace.
"De l'eau - de l'eau!" de mon coté je cours faire une provision de bois, glânant non sans mal les
racines des saules nains sur la moraine de la Mer de glace comme pétrifiées par le gel. Camping
idéal, le feu nous réchauffe agréablement. Il sert aussi à laisser propre cet endroit comme si nous
n'étions jamais passés...
Un dernier effort et nous voilà à Chamonix. La suite n'est point secrète et nous sommes devenus
des collectionneurs. Venez voir les pièces à la maison!
Quelques jours après, mauvais temps, la neige reprend ses droits. Neige en août, pâté en croute!
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