Surpris au beau milieu du glacier du Capucin par l'orage, nous sommes d'une humeur! Il
pleut si fort, la foudre claque autour de nous éclairant la scène, et mon ami Marc qui déteste
la pluie! Très vite trempés jusqu'aux os, nous nous hissons au pied de la paroi rocheuse. Là,
Marc traverse la rimaye; la tête ou étaient les pieds, il me signifie qu'il n'aime pas du tout.
Moi... j'assure.
Ascension mémorable de la paroi rocheuse sous le Capucin du Tacul dans une ambiance du
tonnerre! Enfin, et comme si cela était impossible d'y arriver, nous voilà au bivouac. Record
pour monter la tente sous la pluie, 5 minutes! Mais tout d'un coup je me sens tout seul, mon
compagnon dort déjà. Cette nuit nous bataillons mollement contre l'humidité qui gagne du
terrain à chacune de nos contorsions.
Le matin, le café frais nous donne un peu de courage pour aller "gratter", affublés
cocassement d'un sac poubelle coupé aux manches, en guise de vêtement de pluie. Sale
habitude de nettoyer mes prises en jetant la pierre. Comme au flipper, celle ci zigzague
follement, "Marc! pierre", et vient taper mon Marco au bras. Après quelques excuses, peu
fier de moi, je me faufile dans le four à cristaux jusqu'à la ceinture. Un peu de sable me
coule désagréablement dans l'oreille. En alerte, je me relève, me désaxant intuitivement du
trou. Brusquement, comme dans un vilain film au ralenti, deux tonnes de granit s'écroulent
lentement sur ma droite. "Marc! pierres! Marc! pierres!". Pour mon ami, heureusement abrité
sous un énorme bloc, la terre tremble comme jamais.
Peu de trouvailles, mais quelles émotions!
A la descente, la partie terminale du glacier du Mont Mallet est devenue dangereuse. Un
ronflement caractéristique, et, se décalquant dans le ciel bleu, un bloc gros comme un
tabouret passe, à bonne vitesse, à vingt centimètres de ma tête.
Vous savez quoi? Cela fait tout bizarre. Il y a des jours comme ça...!
Mon ami Marc Giazzon, cousin d'Eric Fournier, possède une belle vitrine de cristaux,
très caractéristiques de la vallée.
Serge Bladet dit "Sergio" - Eté 1996
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