Le cristallier, selon une belle formule de Gaston BACHELARD, serait "ce rêveur qui porte
en quelque manière ses mains dans les amas d'étoiles pour en caresser les pierreries".
Le métier de cristallier, à mon avis, n'existe pas et n'a jamais existé. Trop marginal sans
doute. On est cristallier comme on est montagnard. C'est un état. C'est surtout une
passion.
Et comme dans une passion, on y éprouve de grandes joies, on y éprouve des tourments et
des craintes. Comme dans une passion, on y revient sans cesse. Le minéral parle à
l'intelligence et au coeur puisqu'il participe des étoiles: la pierre scintille, elle est captive et
fascine les hommes. Mais seuls les cristalliers se livrent corps et âme à cette fascination.
Cette passion se donne plus volontiers au montagnard, car le cristal est la miniature d'une
montagne aux formes parfaites, et il ne se livre qu'à celui qui a l'habitude des longs
efforts...
Le cristallier a la passion de l'aventure. Il est à la fois un mineur et un coureur de
montagne. Le domaine du mineur c'est la demeure des cristaux, au sein de la terre. Le
domaine du coureur de montagne c'est les grands espace des gestes mesurés et pleins de
précaution, l'acharnement face à la pierre rebelle, la souffrance de longs travaux dans des
positions souvent repliées.
L'extérieur, c'est les longues prospections et les marches d'approche interminables, c'est
le soleil qui brûle et la pluie qui refroidit, c'est les vastes et longues nuits sous les étoiles,
troublées par les bruits minéraux de la montagne: craquements des glaciers, chutes de
pierres et murmures des torrents.
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